Haut-potentiel de montagnes russes

Je ne sais pas si c’est le cas de tous les haut-potentiels, j’en ai bien l’impression, en tout cas pour une majorité, comme moi, les zèbres, c’est des hauts, des bas, ça bouge à une vitesse pas possible. De quoi suis-je en train de parler ? Des émotions, du ressenti, des pensées, de tout. On passe d’extrême en extrême. Il n’y a pas de milieu, impossible de garder l’équilibre c’est soit trop soit pas assez, soit bouillant soit glacé.

Je trouve que l’image des montagnes russes me convient. Une fois que ça commence, ça ne s’arrête plus, vous montez, vous descendez, looping, virage serré, demi-tour et hop on reprend de plus belle. Oui, sauf que là on ne parle pas d’aller visiter un parc d’attractions, mais d’y vivre, jour et nuit, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an. Pas de fériés, pas de week-ends, pas de vacances. Hop hop hop, on y va, ça bouge, ça bouge. Et quand vous croyez que c’est fini, voilà que la musique reprend de plus belle. Le seul moment un peu calme ? Le passage du wagon en gare, mais ce n’est que pour reprendre son élan et repartir. Vous y êtes, vous vivez la scène ? Ah, attendez, on a oublié la musique, vous l’entendez cette musique de fond, électro, qui vous donne le rythme de ce qui va vous arriver ? Cette musique qui fait que, même pendant les quelques secondes en gare, votre cœur ne ralenti pas. Cette musique, répétitive, impossible à oublier, cette musique, qui va vous hanter pendant des jours, que vous supplierez votre cerveau d’oublier, que vos collègues de travail vous supplieront d’arrêter de murmurer. Oui, elle est là aussi chez le zèbre cette musique !

En fait, pour comprendre le haut-potentiel de montagnes russes comme j’ai décidé de l’appeler, il faut comprendre une chose importante, la personne HP, a une échelle différente. Je ne vais pas vous expliquer ce que c’est qu’une échelle sur un plan. Et bien là c’est pareil chez le zèbre, il y a une échelle. Et concrètement ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le zèbre ne va pas ressentir les choses de la même façon. Une personne normale va utiliser par exemple une échelle de 1:10 alors que le zèbre va avoir une échelle de 1:10000.

Concrètement, ça veut dire que le 10 sur l’échelle 1:10 c’est le maximum mais pour le zèbre ce n’est rien. De la même façon il est impossible de représenter 100 sur l’échelle 1:10. Où je veux en venir avec mon histoire d’échelle ? Je veux simplement expliquer le fait qu’entre un zèbre et un normo-pensant une flaque peut devenir un océan, un grain de sable le plus haut sommet du monde, ou comme me l’a dit une fois une personne chère pendant un moment à nous, « Tu te rends compte que pour une fourmi, ton nombril est une crevasse ? ».

Alors comment se comprendre sans parler la même langue ? Et bien il faut traduire. Mais voilà, difficile d’être aussi précis sur une échelle 1:10 que sur une échelle 1:10000. Alors certes on peut utiliser les chiffres après la virgule, mais je ne pense pas que ce soit utile. Ça va simplement compliquer les choses. Je pense que le mieux est encore en tant que zèbre d’accepter le fait que les normo-pensant ne pourront jamais comprendre certaines choses que vous vivez. Vous pouvez certes regarder une photo, mais ce ne sera jamais la même chose que de visiter le lieu où la photo a été prise. Et bien, de la même façon, vous allez pouvoir traduire votre vécu, votre histoire à l’échelle 1:10, mais n’espérez pas que la personne en face de vous puisse se mettre à votre place pour autant.

Ceci étant dit, ne vous attendez pas à ce que vos hauts, vos bas soient compris tels que vous les vivez, ce n’est qu’une question d’échelle.